Au pays des affamés par paresse !

Article : Au pays des affamés par paresse !
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23 mai 2017

Au pays des affamés par paresse !

Je m’en souviens encore comme si c’était hier. Cet après-midi-là, du 17 octobre,  en allant me procurer une bière fraiche ; vue la chaleur  qu’il fait dans cette région ce n’est pas du tout un luxe mais une nécessité, j’ai eu l’occasion de bavarder un peu avec le vieux Chambuyi. Oui, ce n’est pas toujours aisé de trouver un temps de converser avec lui suite à la queue qu’il faut endurer avant d’être servi dans son alimentation. Généralement une dizaine des minutes. Et on n’a pas le choix, c’est la seule alimentation comprenant tout pour quelques rues. Vous comprenez l’engouement dans ce quartier résidentiel où l’on se procure tout au quotidien dans une alimentation.

Le vieux regarde le dernier panier des tomates qui vient de se vider. Il vient juste d’appeler son fournisseur. Il lui dit qu’il ne sera pas livré avant quelques jours. Ils ont aussi été obligé de foncer jusqu’à Tanzanie pour se procurer en denrées alimentaires, principalement les condiments. Même la Zambie voisine n’arrive plus à satisfaire la forte demande croissante du Grand Katanga. Et là à Tanzanie, les congolais se battent pour être servi en tomate, aies, oignons,… comme si le Katanga était un désert.

Un repas quotidien non diversifié

Deux tartines ou boules de « Bukari » et un petit poisson frais grillé dit « Thomson »  accompagné d’une petite quantité de légumes, tel  est le repas quotidien d’un Kolwezien moyen. Une à deux fois par jour.  Ce bukari est fait de la farine de maïs importée de la Zambie voisine, et ce Thomson est un petit poisson frais congelé importé de l’Afrique du sud. Pour preuve, si vous ne pouvez pas faire le tour des ménages, faites le tour de restaurants fréquentée par la classe moyenne. Ce repas est présent sur plus de 90% des tables. Donc c’est le menu principal des tous les restaurants, parfois aussi du riz. De même importé de l’Asie.

Ce menu est rarement changé, certains y sont déjà tellement habitués qu’ils ne pensent plus à rien d’autres. En effet, ce repas est celui qui est à la portée de la bourse du Katangais moyens car tous les autres repas palliatifs sont chers. A part le « Maharaki grillé à l’huile » (Haricots)  avec du sucre seulement pour les plus  pauvres. C’est le seul menu à 500 fc dans un resto. Alors que ce Bukari au Thomson varie entre 1000 et 2000 fc selon le standing du restaurant. Car si vous voulez le bœuf, le poulet, un poisson tilapia frais, le plat est entre 2500 et 3500fc.

Paresse et manque de routes de desserte agricole.

« Le Lualaba, si pas tout le Katanga, est une province minière. Dans ces genres d’endroits l’argent est facile à trouver. Ce qui fait que personne ne s’intéresse à l’agriculture qui demande beaucoup de patience », explique Ir Serge, cadre d’une société de gardiennage pour le compte d’une entreprise minière.

En effet, pour un creuseur c’est comme une crucifixion de lui demander d’attendre neuf long mois pour récolter alors qu’il peut gagner plus en un jour chanceux.

A cela s’ajoute l’éternel problème des routes de desserte agricole. En effet, la population paysanne des villages de l’intérieure de la province produit des denrées alimentaires mais il se pose un sérieux problème d’évacuation des produits vers les centres urbains. Les routes sont impraticables. Ce qui rend le transport couteux.

Les productions pourrissent ainsi à l’intérieur de la province. Le peu qui atteint la ville vaut de l’or. C’est ainsi que de passage au marché, je demande le prix d’un sceau de pomme de terre.

Ce sceau connu sous l’appellation de « Meka ». La vendeuse me répond tranquillement « 4000 fc ». Je n’ose même plus rester là plus d’une seconde. Une quinzaine de pommes de terre à peine suffisant pour un repas de 5 personnes.  Deux bananes plantains ou gros michelines à 1000 fc. Il en faudra combien pour nourrir régulièrement la famille dans ce pays où l’on vit avec moins de 3  dollars par jours

Facile d’importer

«Les produits importés sont produits en quantité industrielle ce qui le rendent moins chers. », nous renseigne, papa Chambuyi, propriétaire d’une alimentation et qui importe tous ses produits de la Zambie (Maïs, riz, huiles, poissons, tomates, oignons,…..). Mais aussi, souligne-t-il, « le transport est aisée et moins couteux ». En effet, la route qui mène à la Zambie voisine est bien entretenue car elle sert comme voie d’exportation des produits miniers. Ainsi les commerçants importateurs des produits alimentaires en profitent accessoirement. D’où toute la différence tel qu’ 1 kg de viande de bœuf à 15 000 fc alors qu’un kg de Thomson varie entre 1500 et 2000 fc. 1 kg de cuisses de poulets importées à 3500 fc. Comme le Katangais moyen n’a que accès à ce bukari le jour comme la nuit, vous constatez que son alimentation est moins variées et pas du tout « bio ». Je ne pense pas qu’ainsi qu’on puisse manger par plaisir sinon que par nécessité de survie.

A ce moment où les cours du marché du cuivre sont au plus mal, les Katangais moyens n’arrivent plus à manger à leurs faims. Pour bien des familles, c’est à peine que chacun a droit deux petites boules par jours. Juste pour ne pas mourir de faim.

Triste réalité dans ce pays classé dernier dans les indices de développement humain alors qu’un responsable d’un organisme de l’ONU a dit récemment, à l’occasion de la célébration de la journée internationale de l’alimentation et de la femme paysanne, célébrée le 16 et 17 octobre,  qu’il a la potentialité de nourrir près de 2 milliards des bouches.

 

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