« Ebola business », qui en profite ?

Article : « Ebola business », qui en profite ?
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9 mars 2019

« Ebola business », qui en profite ?

Des véhicules stationnés devant les locaux de la sous coordination de la riposte à Beni (Nord-Kivu, RDC). Un véhicule est loué entre 80 et 150$ par jours même si ils passent la majeure partie de la journée au parking. ©Crédit photo : Hervé Mukulu
Des véhicules stationnés devant les locaux de la sous coordination de la riposte à Beni (Nord-Kivu, RDC). Un véhicule est loué entre 80 et 150$ par jour même s’ ils passent la majeure partie de la journée au parking. ©Crédit photo : Hervé Mukulu

La campagne de lutte contre l’épidémie à virus Ebola dans le Nord-Kivu ne cesse de se buter aux résistances de certaines couches de la population locale. La mise en feu de deux centres traitement d’Ebola en ville de Butembo a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Les dialogues communautaires organisés autour de ces événements ont montré clairement que la maladie n’est plus le problème. C’est plutôt le traditionnel mobile de toute guerre : « l’argent ».  La population locale soutient l’épidémie d’ebola qui se vit dans la région est un business des étranger pour se faire de l’argent sur leur malheur du moment  que la population de la région n’est pas suffisamment employée malgré l’abondance de la main d’oeuvre et des  différentes ressources locales. Ainsi, ils pensent pas que le ministère de la santé , l’OMS et tous leurs partenaire font tout pour que la maladie persiste pour gagner le plus d’argent possible, souligne un compte-rendu de la société civile de Butembo après un dialogue communautaire. 

Une activité illustre bien ce « Ebola business » : une jeep 4X4 qui sillonne toute la de ville en balançant les chansons de sensibilisation contre Ebola. Elle fait entrer en jeu plusieurs acteurs qui en bénéficient. On peut citer le propriétaire de la jeep qui la met en location, le chauffeur, le mécano qui entretient la jeep, la station-service qui alimente en carburant la jeep et le générateur alimentant les amplificateurs, des baffles posées à l’arrière de la jeep. Les propriétaires de ces instruments de sonorisations. Le DJ qui s’en occupe toute la journée, les musiciens qui ont composés ces chansons, les journalistes qui ont montés les spots, les studios de montage audio. Sans oublier l’agent de la coordination de la riposte contre Ebola qui coordonne cette sensibilisation et fait le rapport à sa hiérarchie. Près d’une dizaine d’acteurs qui dépendent d’une seule activité et qui ne sont que des locaux. Le seul étranger ne pouvant être que l’agent de la coordination.

La question d’Ebola Business fait couler de l’encre et de la salive depuis le début de l’épidémie. Dans un point de presse, le docteur Bathé Ndjoloko Twambwe, directeur général de la Direction générale de la maladie au ministère de la Santé et coordonnateur de la riposte contre cette dixième épidémie de la maladie à virus Ebola, a soulevé la question en se demandant qui profite vraiment de cet « Ebola business » ?

Du commerce local

Le fait que presque tout est acheté localement, en ville de Beni et Butembo, prouve que c’est la population locale qui en bénéficie le plus. En effet, pour les kits d’hygiènes tout est local. En commençant par les planches vendues par un marchant local et travaillées par un menuisier local pour la construction d’un local ou d’une installation de lavage des mains, en passant par les tanks, les cantines et les bassinets achetés dans des magasins locaux pour finir par les savons et désinfectants fabriqués ou vendus localement. Sans oublier l’hygiéniste qui est local.

Pour la centaine d’engins roulants en location par l’équipe, ils appartiennent aux résidents de la région. Le carburant est acheté localement et les chauffeurs sont des locaux. Les appartements en location appartiennent à des hommes d’affaires locaux. La présence de l’équipe en riposte donne un nouveau souffle de vie à certains commerces. Les hôtels qui avaient à peines quatre clients par jour affichent complets depuis plus de 6 mois. Certains n’hésitent pas à créer des nouveaux commerces comme les restaurants de luxe.

En somme, c’est le peuple de la région qui est gagnant. De toute manière, Butembo et Beni sont faites par des marchands et entrepreneurs qui se retrouvent dans cet « Ebola Business ».

Quant à la disparité du traitement du personnel engagé dans la riposte, le Dr Ndjloko Tambwe explique que non seulement la logique l’explique mais aussi et surtout que le barème salarial du ministère de la santé est clair. Le personnel venu de Kinshasa ou de l’étranger ne peut  être traité de la même manière puisqu’ils ne sont pas dans leur milieu de vie. Ils doivent payer tout contrairement aux locaux. Ils ont pris le risque de servir dans un milieu sous conflits armés. Ils sont irremplaçables car personne n’a jamais géré une épidémie à Virus Ebola dans la région.

Mais aussi et surtout, venus pour travailler, pour riposter comme la maladie à Virus Ebola ; il leur a été ajouté une autre tâche, et pas la moindre, celle de former un personnel local. «  Payer, traiter un enseignant et un élève de la même façon est injuste, souligne le Docteur B. Ndjoloko. La plus grande chose dont doit bénéficier le personnel soignant local est la formation. Puisque l’épidémie est endémique à l’Afrique centrale, les meilleurs seront pris comme experts dans les prochaines épidémies et seront bien payés, ajoute-t-il. »

La jeunesse désœuvrée

Ebola n’étant pas qu’une affaire de médecins, la jeunesse désœuvrée, quoique diplômée, réclame à son tour son intégration pour profiter aussi de cette manne financière.

Dans une réunion de sensibilisation organisée à l’hôtel de ville, le maire de Beni, Bwanakawa Nyonyi Masumbuko  a posé une seule question : «  Ebola existe-t-il ou pas ? » Ainsi, il appelait les jeunes à pouvoir  justifier leurs attaques contre les équipes de cette riposte contre Ebola. En fin de compte, les jeunes ont fini par dire qu’ils vont avouer,  qu’ils ne vont  accepter que cette maladie existe que quand ils seront insérés dans l’équipe en riposte.

Pourtant, dans un tweet, le ministère de la Santé de la RDC souligne qu’ « après analyse des effectifs, sur les 3.676 personnes recrutées, 3.575 sont Nande. Seulement 57 experts sont venus de Kinshasa pour former et appuyer les acteurs locaux ». Soulignons que le Nande ou Yira est la tribu majoritaire dans cette partie de la province du Nord-Kivu.

Le business international

Soulignons tout de même le fait que le business international reste dans le vaccin et les médicaments en usage expérimental dans cette épidémie. Car la population souligne qu’il est possible de créer un virus et d’apporter l’antidote pour se faire de l’argent. Et c’est là le gros dudit business, si c’en est un.

Et cette idée ne sortira pas de la tête de ces citoyens du moment que cette équipe aura du mal à communiquer sur les origines de cette maladie, les pourquoi de la non ressemblance de cette maladie par rapport aux précédentes connues dans d’autres régions, et surtout sur la gestion de tout l’argent que les ONG reçoivent des bailleurs de fonds.

Ce sont des villes de commerçants, les magouilles dans la gestion, c’est leur pain quotidien. Ainsi, quand un business implique plus d’un entrepreneur, la transparence dans la gestion est de rigueur.

L’argent devenant ainsi le centre de l’attention, il est clair qu’il faut recadrer les tirs. Car certains sont prêts à tout, même le pire, pour l’argent.

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Commentaires

PILIPILI FABRICE GLORIEUX
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LA CAMPAGNE DE SENSIBILISATION DOIT EXCELLER.

chantal
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Bonjour Hervé, quand je pense que nombre de mes compatriotes meurent par manque d'implication sérieuse dans la prévention, je suis ahurie et choquée. Ebola existe et point n'est besoin de rechercher du lucre quand les vies humaines sont en danger. La jeunesse devra être conscientisée pour être du bon côté de l'histoire, la protection des vies et non la quête du gain individuel. Merci pour ce texte interpellateur