Hervé Mukulu

RDC-Bois : l’eucalyptus, une alternative pour la préservation des forêts au Kivu ? (Partie 3)

Coupe d’arbres d’eucalyptus dans un champ à Ndando, un village situé dans les environs de Butembo © Hervé Mukulu

Par son acidification du sol, les eucalyptus pourraient à la longue conduire à la désertification de nos sols. Ils ont des effets nuisibles sur les propriétés du sol, alerte l’expert en gestion de la biodiversité Sorel Wasukundi.

Les défis environnementaux de l’eucalyptus

Comme les eucalyptus appartiennent à la même famille botanique, il y a un inconvénient du point de vue de la biodiversité. Il serait en train de conduire à une certaine érosion génétique des espèces naturelles locales. Enfin, « avec cette même famille botanique, imaginez-vous, si une maladie attaque les eucalyptus. Cette maladie, si elle est vraiment virulente, risque de décimer tous les eucalyptus de notre région, comme ce qu’on a observé avec les bananiers, avec cette maladie, le wilt bactérien. Nous serons en plus confrontés à des problèmes d’ordre social et économique », alerte Sorel Wasukundi.

   La vue du village de Lukanga, dans le village tout comme dans les environs, l’eucalyptus domine. © Hervé Mukulu

L’eucalyptus serait une espèce qui lutterait contre les érosions. Il est dit que la meilleure protection contre les érosions est de couvrir le sol, or l’eucalyptus couvre le sol. « Pour que le sol soit exposé à l’érosion, il faut que le sol soit d’abord nu. Or l’eucalyptus, avec son enracinement profond et sa densité, fixe le sol contre cette érosion« , explique Mutiviti.

Par ailleurs, les fumées libérées lors de la combustion de la biomasse ligneuse est certainement chargée de polluants gazeux et particulaires qui, d’une part, peuvent entraîner des conséquences néfastes sur la santé et, d’autre part, contribuer au réchauffement global de la planète en contribuant au forçage de l’effet de serre.

Par contre, avec ce même défi du changement climatique, l’eucalyptus, malgré ses défauts, est parmi les espèces qui fixent le carbone.  « Alors quand le crédit Carbonne sera effectif, les propriétaires de ces plantations d’eucalyptus vont commencer à toucher beaucoup d’argent et le reste, les champs agricoles, risquent d’être transformés en plantations d’eucalyptus. », présage le Professeur Mutiviti.

Vue d’une concession d’eucalyptus dans les environs de la ville de Butembo. @ George Kisando

L’expert en gestion de la biodiversité Sorel Wasukundi pense qu’il faut prendre en considération le fait que les effets d’eucalyptus pourraient être compris dans une échelle de temps donné. Quand on prend une échelle de temps assez courte, de moins de cent ans par exemple, les eucalyptus ont des effets néfastes. Mais si vous observez bien, il peut arriver qu’un champ d’eucalyptus se transforme à la longe en une forêt que l’on dirait naturelle.

Plusieurs entreprises sont entourées des concessions d’eucalyptus. Comme ici, le centre cardiologique des cliniques universitaires du Graben @ Georges Kisando

Il faut souligner que les eucalyptus ont joué un grand rôle dans la reforestation de la ville de Butembo, ses environs et du Kivu en général. Ils ont assuré une disponibilité en bois dans la région. Même si la forêt naturelle a disparu, les eucalyptus sont venus pour constituer une alternative à la carence en bois, bois énergie surtout et même en bois d’œuvre, reconnait Sorel Wasukundi.

Une investigation appuyée par RainForest Journalism Fund et Pulitzer Center

HERVE MUKULU VULOTWA


RDC-Bois : l’eucalyptus, une alternative pour la préservation des forêts au Kivu ? (Partie 2)

Une casserole sur le feu dans une cuisine à Beni, Nord-Kivu, RD Congo. ©Hervé Mukulu

Le bois d’eucalyptus est utilisé comme du bois d’œuvre. Certaines espèces produisent du bon bois, Eucalyptus globulus varmaideni, pour la construction des maisons, la menuiserie, mais aussi dans l’industrie pharmaceutique. Vous, entendez toujours parler de l’eucalyptol, une huile essentielle que l’on extrait de l’huile d’eucalyptus.

L’eucalyptus, un arbre à tout faire

Madame Jackie Kaherenie achète un camion Benne de bois d’eucalyptus à 120 dollars, plus 30 dollars de transport. Une quantité suffisante pour une année, comme source d’énergie pour la cuisine, dans un ménage de moins de 10 personnes. Néanmoins, cet achat n’est pas à la portée de tout le monde. Au quotidien, plusieurs familles n’achètent que quelques morceaux de bois sec.

 Le Complexe Theicole de Butuhe CTB, situé à une dizaine de kilomètres de Butembo, utilise un stère de bois de chauffe par heure, afin de produire de la vapeur d’eau qui sèche le thé à la dernière étape de la fabrication. Pour répondre à cette demande, cette usine dispose de plus de 300 hectares d’eucalyptus. La plantation d’arbres est continue, nous explique le chef d’usine, monsieur Tabono Watukalusu, rencontré à l’occasion de la Journée mondiale du thé, le 15 décembre. La centrale hydroélectrique du CTB ne produit pas assez d’énergie pour en faire usage pour le chauffage.

Des entreprises comme la pâtisserie, les brasseries locales de vin, les restaurants et autres utilisent principalement le bois de chauffe. Le bois disponible pour répondre à cette demande reste l’eucalyptus.

Depuis quelques années, les villes de Beni et Butembo sont desservis en énergie hydroélectrique par la société ENK (Energie du Nord-Kivu). Pour le transport et la distribution, cette entreprise utilise le bois d’eucalyptus comme poteau, avec plusieurs avantages.

Des sticks de bois en vente, dans une rue de Butembo. En arrière-plan, on voit un poteau de distribution du courant, aussi en eucalyptus. © Hervé MUKULU

Rien ne se perd avec l’eucalyptus. Les branches d’arbres sont aussi une denrée rare. Si en milieu paysan, les enfants des familles pauvres vont les ramasser pour servir de bois de chauffe, la ménagère citadine les achète aussi.

En effet, certaines variétés de haricot prisées localement exigent un support pour la bonne croissance et la production. La demande étant forte lors des saisons agricoles, cela devient un business. « Un fagot se négocie entre 500 et 600 FC. J’en mets 15 à 20 fagots dans un champ d’une parcelle de 25 sur 30 mètres« , témoigne madame Solange Kaswera, directrice financière d’une ONG locale et agricole dans ses temps libres.

L’eucalyptus rapporte gros

L’eucalyptus, ça rapporte, mais personne ne vous dira combien exactement. Quand la question est posée, la réponse est énigmatique.

« Si vous cultivez les arbres, vous aurez de quoi manger. Mais on ne peut planter les arbres pour vivre de ça au quotidien. On plante les arbres pour un projet déterminité« , explique Léopard, qui précise que déjà à 3 ans, avec l’eucalyptus, vous ne manquerez plus de bois de chauffe. De même, à cet âge, l’arbre est assez mur pour construire une maison en pisé ou pour servir de charpente, pour servir de plancher de soutènement, dispositif nécessaire quand on coule un béton, pour ériger une clôture en tôle, un hangar…

Kambale Chamundowa vend des sticks de bois d’eucalyptus depuis des années à Butembo. Et c’est toute sa vie : « Ça se vend très bien, je peux vendre 40 à 50 bois par jour. Mes enfants vont à l’école et nous mangeons. C’est mon travail depuis des années.« 

Pour certaines espèces d’eucalyptus, à 5 ans, on peut déjà couper des planches et des chevrons, explique Kavira, vendeuse de planches d’eucalyptus depuis 14 ans. Mais, souligne-t-elle, il en faut entre 10 et 30 ans pour avoir du bon bois.

Kambale Malekani François explique qu’un arbre peut remplir un camion Fuso de planches. Ça revient à combien un Fuso de planches ? J’insiste. Un peu agacé, il répond : « Ça ne se dit pas. Moi d’ailleurs, j’utilise moi-même les planches. Mais c’est beaucoup d’argent que pour les produits à manger. » Il enchaine : « Un autre avantage : il y a des gens qui achètent dix hectares de terre pour y mettre les vaches, mais moi avec un seul hectare, je le dépasse car sous les arbres, je mets les abeilles. Le miel est plus rentable que les produits agricoles« 


    Deux tronçonneurs en plein travail de coupage des planches et chevrons d’un arbre d’eucalyptus. ©Robert Mwenderwa

Les eucalyptus font, en effet, parti des plantes dites mellifères. Leurs fleurs produisent du nectar que les abeilles transforment en miel, explique l’expert en gestion de la biodiversité Sorel Wasukundi.

Une investigation appuyée par Pulitzer Center à travers Congo Bassin/RainForest Journalism Fund dans le projet « Reportage en temps de crise« .


RDC-Bois : l’eucalyptus, une alternative pour la préservation des forêts au Kivu ? Partie I

A l’Est de la République Démocratique du Congo, dans la province du Nord-Kivu, aux environs de la ville de Butembo, la forêt naturelle a presque complètement disparue. Pourtant, la région n’est pas devenue une savane herbeuse, avec la plantation massive par les habitants d’eucalyptus. Une plante qui a autant d’avantages … que d’inconvénients.

Une vue aérienne d’une partie de la concession dite « Miti ya data », située en plein centre-ville. On peut aussi voir que même dans les avenues, l’espèce dominante est l’eucalyptus. ©Hervé Mukulu

Au contraire, cette région est devenue un paysage où cohabitent cultures agricoles/fermes pastorales et arbres plantés comme alternatives à la forêt naturelle. Et il semble que ce reboisement est en train de gagner sur l’agriculture et l’élevage dans la région.

La particularité de ces forêts artificielles entourant les agglomérations, c’est qu’elles sont dominées par un seul genre d’espèces d’arbres : les Eucalyptus. Pour comprendre cette culture, lisez cette investigation appuyée par RainForest Journalism Fund et Pulitzer Center

Un four en briques en pleine cuisson à l’aide de bois d’Eucalyptus, dans un quartier résidentiel en ville de Butembo . Crédit : @Hervé Mukulu

Partie I : L’eucalyptus chasse les cultures vivrières

Difficile de s’en passer, le bois, humide, sec ou en charbon, est la principale source d’énergie dans les cuisines congolaises. Une étude menée en 2014 dans la ville de Butembo démontre que 97% de la population en fait usage au quotidien. Et 52% de la population utilisent uniquement le bois de chauffe, 30% uniquement le charbon de bois et 15% fait usage de deux.

L’expert en gestion de la biodiversité et aménagement forestier durable, MbusaWasukundi Muyisa Sorel a révélé dans une étude en 2014 que : « Les 581 fours recensés durant six mois en ville de Butembo ont utilisé un volume de bois estimé à 18 201,97 m3, soit environ 36 400 m3 pour une année. Il s’agit là du volume réel obtenu après correction. »

Les Eucalyptus ne sont pas natifs de la région. Elles sont originaires d’Australie, un pays d’Océanie. Il existe plusieurs espèces du genre Eucalyptus. Wikipédia précise qu’ils sont environ huit cent

L’Eucalyptus fait face à la déforestation

L’expert Mbusa Wasukundi Muyisa Sorel contextualise l’entrée de cet arbre dans notre région : « Nous sommes dans une région fortement anthropisée. Nous sommes dans les hautes terres. Lorsqu’on s’est rendu compte que la forêt avait presque disparu dans notre région, la population a pris conscience des risques encourus. » Néanmoins, il ne se prive pas de biaiser : « Elle s’est investie dans la reforestation. Malheureusement à base d’eucalyptus

 La région était couverte par une forêt de montagne qui a presque disparu. Il ne subsiste que quelques lambeaux de forêt telles que la réserve de l’ITAV, la réserve de Kyabirimu et celle de Kalikuku. C’est ce qu’explique le Professeur Mutiviti, expert en sciences du sol et doyen de la Faculté des Sciences Agronomiques de l’Université Catholique du Graben. C’est face à ces défis que les eucalyptus sont vus comme salvateurs, en dépit de leurs vices reconnus.

Monsieur Léopold dans sa pépinière à domicile à Mulo. ©Robert Mwenderwa

L’eucalyptus : une plante solide et qui résiste à tout

Des concessionnaires du territoire de Lubero nous ont livré leur première expérience dans la culture des eucalyptus. Pascal Bebo, la trentaine, est gestionnaire de la concession de sa famille depuis 6 ans. Elle est située dans les environs du quartier Mulo au sein de la commune rurale de Lubero dans le territoire éponyme. Etalée sur plusieurs hectares, aujourd’hui, elle est couverte d’eucalyptus. Une décision prise il y a 20 ans.

« Après une trentaine d’années d’exploitation agricole, ce sol ne produisait plus comme il faut. C’est pourquoi, il y a vingt ans, mes parents se sont décidés à y planter des arbres », nous confie Pascal Bebo.  Même son de cloche auprès des autres concessionnaires qui ont décidé de transformer leurs champs en plantation d’arbres. « J’ai pris cette décision quand j’ai fini par constater que le champ ne produisait plus bien. La production agricole ne suffisait plus à subvenir à mes besoins, ne répondait plus à mes attentes. », explique Kambale Malekani François, villageois vivant à Musenda, qui cultive les arbres sur la colline de Vuhula, et à Kananga toujours dans ce territoire de Lubero en province du Nord-Kivu.

L’eucalyptus a des atouts ! C’est une plante en croissance rapide. Il couvre rapidement le sol. Ce qui fait que les travaux d’entretien s’arrêtent rapidement, en comparaison du quinquina par exemple, explique le Professeur Mutiviti.

«L’eucalyptus croit dans des milieux où non seulement il n’y a plus d’engrais mais aussi où même les autres arbres refusent de pousser », ajoute Kavira, vendeuses des planches d’eucalyptus depuis quatorze ans. 

Plante acide qui n’aime pas la concurrence

Malheureusement l’eucalyptus a un effet dévastateur sur les cultures vivrières. L’eucalyptus est une plante acide. Lorsqu’il y a une chute de feuilles d’eucalyptus sur le sol, ça acidifie le sol. «L’acidité entraine la matière organique en profondeur et le sol devient alors presque infertile pour les autres cultures », explique le Professeur Mutiviti.

Néanmoins, cette réalité est connue des agriculteurs. Les concessionnaires savaient faire la part des choses jusqu’à ce que l’argent s’en mêle. Léopold Kiopolo de Kighumo à Mulo nous explique qu’il a commencé à planter les eucalyptus en 1972. Pour lui, c’est le sol qui indique où planter les arbres : « Nous choisissons là où on peut planter les arbres. C’est surtout dans les endroits où nous constatons que les produits maraichers ne peuvent bien prospérer. L’arbre n’est pas à planter dans le champ des cultures à manger. »

Un paysan montrant une partie de champs abandonné suite à la plantation des eucalyptus par le voisin à Mulo. @ Robert Mwenderwa

Le grand problème, c’est que cela peut endommager la production du champ du voisin, soulignent les concessionnaires.  « Le voisin a planté les arbres, et tous les habitants à côté de lui sont obligés de planter les arbres.  Il est demandé de planter l’arbre oko luvwe”, précise Kasereka Vyambwera Gilbert, un autre concessionnaire qui nous montre des champs abandonnés sur le flanc droit d’un bosquet d’eucalyptus. 

Il y a maintenant une dualité entre le reboisement et l’agriculture autour de la ville de Butembo. Le reboisement est en général favorisé, au détriment de l’agriculture, regrette Ir Sorel Wasukundi.

Mais pourquoi planter de l’eucalyptus si elle empêche les autres cultures ?

Tout commence par la mauvaise récolte. « Il arrive que le vassal ne produise pas assez pour payer la redevance au chef terrien. Ce dernier trouve quelqu’un pour planter les Miharamba [une variété d’eucalyptus en langue du peuple Nande, ndlr] sur sa terre et chasse ainsi l’agriculteur», explique Muhindo Seghemera, un paysan.

Le problème devient d’autant plus réel que même les champs qui sont encore propices à l’agriculture sont transformés en plantations d’eucalyptus. Madame Kavira en a été victime : « Dans la ferme de monsieur Kahasa, je produisais des sacs de maïs, puis j’appris qu’il l’avait vendu. Et quand je m’y rendis, je trouvais que le nouveau propriétaire y avait déjà planté les arbres, le matoti [une variété d’eucalyptus en langue du peuple Nande, ndlr]. »

Planter les eucalyptus aux environs des agglomérations facilite aussi l’acheminement vers le centre de consommation. Car dans ces régions, les routes sont rarement praticables. Cela permet ainsi de diminuer le coût de location des véhicules de transport.

Une investigation appuyée par Pulitzer Centrer à travers Congo Bassin/RainForest Journalism Fund dans le projet «  Reportage en temps de crise ».

HERVE MUKULU VULOTWA

À lire absolument du même journaliste d’investigation:

I. FORÊT : FORÊTS DURABLES ET BOIS ÉNERGIE, LES HAUTS ET LES BAS DES SOLUTIONS SCIENTIFIQUES EN RDC

II.La gestion controversée des sources d’eau potables aménagées par les humanitaires en ville de Butembo

HERVE MUKULU VULOTWA


Le foulard, un cache-nez durable et uniforme

Willy Bakonga, ministre de l’EPSP est clair : « A partir du 3 Aout, aucun n’élève ne sera reçu en classe sans cache-nez ». La dernière instruction du secrétaire général au ministère de l’EPSP demande aux responsables d’écoles et aux parents de trouver les modalités de doter les élevés en cache-nez. Sachant qu’un cache-nez n’est valide que pour quatre heures et que les cours prennent environ 8 heures. Cet élément fera désormais partie du décor de l’uniforme de l’élève et de l’étudiant congolais. Mais comment des parents qui peinent à bien  chausser leurs enfants, à les nourrir, et encore malgré la gratuité, de trouver en partie les frais de minerval, vont devoir trouver de l’argent pour des cache-nez surtout après de quatre mois, d’une misère sans précèdent. Nous avons pensé à un truc révolutionnaire.

Il est dit que le cache nez peut-être même artisanal. Au lieu de payer régulièrement de frais pour des cache-nez, nous proposons aux écoles et université d’ajouter le foulard sur le décor de l’uniforme en ce temps de la pandémie. Un foulard que l’on que l’on passe autour de la tête en bas des yeux et qui est re-employable serait la solution idéale. Il suffirait de deux ou quatre foulards par élève et le tour est joué. Deux que l’on porte par jour et les deux autres du lendemain quand on vient de lessiver, au savon ou avec du centre, ceux d’aujourd’hui. Et ils coutent moins chers. On peut en trouver un foulard à 1000 fc au marché des habits usagers.

L’uniforme

L’école peut en confectionner en tissus uniforme dont le prix sera fixé après la réunion du conseil de gestions  et du comité des parents.  Si d’un côté, cette uniformité permettra à ce que les parents ne soient pas abusés par leurs enfants qui pourront demander un peu plus d’argent que ne coute le foulard ; d’un autre côté, il permettra aux élèves des familles moins nanties de ne pas se sentir frustrés par les cache-nez extravagants et couteux des enfants des riches qui vont en créer de toute sorte, si on leur laisse le libre choix.

Préserver la jeune fille

On a vu des jeunes filles se laisser abuser tout simplement puisqu’elle veut un sac pour faire la concurrence à telle camarade. Un cache-nez uniforme d’un foulard sauvera le cursus scolaire des biens des jeunes filles qui peuvent être facilement influençable par le port des cache-nez luxueux et que l’on change régulièrement.

Il est encore plus facilement pour les jeunes de porter un fouloir en forme de voile car déjà autorisées, dans certaines écoles, à porter des foulards pour couvrir les cheveux.

Hervé Mukulu


L’insécurité à Butembo, une conséquence de la crise financière post-Ebola.

Il y a lieu de se de se demander si les inciviques d’il y a deux ans et qui n’ont pas pu gérer ce qu’ils ont gagné dans cette riposte contre Ebola, ne viennent-ils pas seulement de reprendre le boulot qu’ils savent le mieux faire ?

Un vieux phénomène insécuritaire refait surface en ville de Butembo dans la province du Nord-Kivu en République Démocratique du Congo. Il s’agit des bandes des voleurs qui opèrent la nuit sans être inquiété par les services de l’ordre. Une bande de 20  à 50 personnes qui se promènent avec des pieds de biches dit « Kasuku » avec lesquels ils brisent n’importe quelle porte. Ils pillent tout ce qu’ils trouvent dans les maisons ciblées, torturent  et blessent leurs victimes mais ne tuent pas. Ce phénomène sécuritaire a fait sauter plusieurs responsables au sein de l’administration de la ville de Butembo dans le passé. Même s’il a revêtu plusieurs noms, le mode opératoire reste presque le même.

L’interrogation devient inquiétante quand il réapparait juste lorsque la ville de Butembo comme le monde le monde entier traverse une crise financière du au Covid-19. Néanmoins, ici le contexte est presque diffèrent.

La région est depuis deux sous épidémie d’Ebola. Une épidémie qui malgré ses plus de deux milles morts a fait couler de l’argent à flot. Les yeux des organismes partenaires à l’OMS et du ministère de la santé étaient tous braqué dans cette région.

Je vous en ai fait une chronique sur ce blog.  Des hôtels étaient toujours complets malgré l’insécurité grandissante dans la région. Sans Ebola, la ville de Beni et ses environs se seraient complètement vidés de ses habitants car tout  devenait invivable. Mais Ebola a injecté du cash américain dans l’économie locale.  Et face à l’argent, on peut tout supporter. Des restaurants des luxes ont poussé comme des champignons. Des jeunes qui venaient de faire cinq  ans de fiançailles se sont mariés car l’argent est le plus grand frein au mariage fastidieux comme on le veut dans la région. La possession d’une voiture de déplacement s’est démocratisée. Alors qu’elle ne revenait qu’aux riches et aux gosses de riches, on s’est rendu compte qu’on peut se l’offrir avec seulement le salaire de trois mois de service. Diplôme ou pas, on pouvait trouver un job dans les services de la riposte contre Ebola. Et pour les plus bouillants, il suffisait de nier l’existence d’Ebola, de caillasser quelque véhicules des agents d’Ebola pour que votre groupe soit approchée et que quelques jobs vous soient proposés afin de permettre aux équipes de la travailler tranquillement dans votre quartier.  Comme dans les films quoi.

En effet, dans la région, le salaire normal variait entre 10 et 50 dollars le mois dans une entreprise respectable. C’est avec Ebola, que l’on a compris que l’on pouvait toucher 2000 dollars le mois pour compléter quelques paperasses, 300 dollars le mois pour saluer 10 voisins par jours pendant 30 minutes le matin ; qu’une voiture pouvait rapporter le triple de ce qu’elle a couté en quelque mois seulement. Car une jeep était louée entre 80 et 150 dollars  américains (pas zimbabwéens) par jour. Faites le calcul pour 6 à 18 mois de location.

L’argent facile

Comme pour tout l’argent facile, on ne le garde pas. On n’en fait rarement bon usage. C’était l’occasion de faire la fête. Des barbecues interminables, des dimanches en culotes à siroter Drosdy et humer Black Label.

Et juste un mois après la rupture des contrats, on devient incapable de s’acheter une bière. Alors qu’on en prenait des cantines au quotidien.

Le comble c’est qu’à ce moment-là arrive un virus  moins mortel pour la région mais qui fait pire : Coronavirus. Tout s’arrête. Les entreprises ferment leurs portes. Les gagne-petit ne peuvent plus effectuer normalement leurs commerces. Les commerces sont ralentis. Mêmes ceux qui n’ont pas énormément gagné dans la riposte contre Ebola  car ils concevraient leurs jobs de boutiquer, vendeur d’essence en détails, motards, chauffeurs, serveurs de bars, artistes,… rejoignent les chômeurs, anciens riches de la réponse à Ebola.

Pourtant dans cette région on vit au taux du jour. La famille n’est approvisionnée que par ce que les parents gagnent durant la journée. Sans cela on ne peut manger. Car c’est presque impossible de faire des provisions.

 Alors il y a lieu de se de se demander si les inciviques d’il y a deux ans et qui n’ont pas pu gérer ce qu’ils ont gagné dans cette riposte, ne viennent-ils pas seulement de reprendre le boulot qu’ils savent le mieux faire ?

Hervé Mukulu