A Mutwanga : la culture du cacao n’est pas encore rentable mais l’espoir demeure.

Article : A Mutwanga : la culture du cacao n’est pas encore rentable mais l’espoir demeure.
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18 mai 2017

A Mutwanga : la culture du cacao n’est pas encore rentable mais l’espoir demeure.

Credit Photo: Veco RDC

A Mutwanga, une agglomération située au pied du Mont Rwenzori, à l’Est du territoire de Beni, à plus de 50 km de la ville de Beni dans la province du Nord-kivu , la culture du cacao a réalisé une percée depuis une dizaine d’année suite à la destruction du café par la trachéomycose mais le rendement n’est pas encore suffisant.

« Après le malheur qui est arrivé à nos plantations de café, nous ne savions plus à quel saint se vouer. Nous avions brulé tous les plants de café sur recommandation des agronomes. Quelques temps après, des agronomes qui disaient appartenir à une ONG internationale sont venus nous sensibiliser pour commencer la culture du cacao. La plupart d’entre nous, n’avaient plus le cœur à l’agriculture étant complètement déçus. Certains s’y sont donné. Et ca commencé à prendre forme. », témoigne Kavugho Kasongo, une veuve propriétaire d’un cacaoyère de 2 hectares. En effet, c’est vers les années 2005 que le café a été décimé par la tracheomychose qui ne laissait aucune chance de survie aux cultures de café. Le cacao dont les plus anciennes plantations ont 10 ans, selon les données du bureau du secteur de Mutwanga, est apparut comme une panacée après ce malheur, le peuple du coin n’ayant aucune autre manière de survie à part la culture des produits à importer. Ils ont été encouragés par deux entreprises : ESCO KIVU et DML. Ces dernières qui  ouvrent les cacaoculteurs au marché international. Ce qui devient une sortent d’assurance d’écoulement du produit. Et surtout, met à leurs dispositions des agronomes de terrains qui les accompagnent dans l’entretien de leurs cultures.

Pour la plupart, les superficies des terres cultivées varient entre 1 et 5 hectares qui sont acquis surtout par héritage, et parfois par achat même si les traditions locales interdisent la vente de terre. Et les locations de terres sont rares.

Semence et entretien

La Culture, dans ce coin est biologique mais surtout traditionnelle. C’est pourquoi ce sont les deux entreprises qui fournissent la semence aux agriculteurs. Car l’origine, l’état et l’entretien des semences est un préalable important pour l’avenir de la cacaoyère si l’on veut accroitre la production.

En milieu de Mutwanga, les deux entreprises ESCO sprl et DML sont censés produire des plantules de qualité, des variétés bien identifiés et indemnes des maladies ou de toute autre défectuosité. Il en est de même des semences importés de l’étranger, de l’ouganda par exemple, qui sont censées avoir été certifiées à la douane. Les trois variétés les plus usuelles dans la région sont : criollo, forastero et trinitario.

La mise en place des plantations est, par ailleurs, réalisée de deux façons à Mutwanga : en passant par la pépinière ou par semis direct. Ici la technique de bouturage reste inconnue des planteurs. Le cacaoyer est une culture d’ombrage. Sur ce, l’installation des arbres dit d’ombrages s’avère nécessaire dans la plantation. La plupart utilisent deux techniques d’entretiens: Le sarclage et la taille.

L’usage d’engrais minéral est interdit

Néanmoins, il n’y a pas d’usage d’engrais minéral. Tous de même, les arbustes ne sont pas naturellement immunisés contre les prédateurs. On recense généralement les attaques aux chenilles, aux pucerons, aux murides et aux fourmis noires.

Une bonne partie des cacaoculteurs ne fait rien pour lutter contre ces prédateurs. Du moment qu’ont leur interdit la lutte chimique, d’aucun confonde la culture bio à la « non intervention » même quand les plants sont attaqués. D’autres par contre, font la ronde phytosanitaire, la destruction des sources d’infestation, font usage de piment, du centre ; et l’élimination des organes atteints. En utilisant la serpette, le sécateur et la machette.

Puis vient le traitement ou usinage du cacao après récolte et avant l’obtention des fèves à commercialiser qui comprend trois étapes principales ; l’ecabossage, la fermentation et le séchage.

Cacao du Kivu

Des parasites dans le circuit de commercialisation

La commercialisation est complexe. Les deux entreprises ESCO KIVU sprl et DML ont acquis une sorte de monopole dans l’exportation des fèves de cacao en territoire de Beni. Elles ouvrent ainsi aux producteurs locaux les portes au commerce international de cette matière première des chocolats et autres produits finis (pharmaceutique, alimentaires, etc,…) Toute fois, on note la présence des intermédiaires parasites qui interviennent dans le circuit, soit pour les vendre aux deux entreprises soit pour la vente frauduleuse en Uganda. Ils ont un prix bas mais promettent d’écouler vite le produit.

La présence des fraudeurs a donc un cout sur les revenus des producteurs. Ce revenu peut aussi être affecté par les fluctuations de prix qui caractérisent parfois la filière. Entre 1.7 et 2.4 chez ESCO KIVU, et 1 et 1.9 chez DML et toujours moins chez les intermédiaires qui ajoutent le prix de leurs services. «  Les fluctuations sont fonctions des prix du marché international », nous renseignent un agronome d’ESCO Kivu rencontré dans un champ en supervision.

Le revenus pas satisfaisant

Les revenus sont estimés entre 200 et 1000$  dollars annuellement. Nonobstant, la majorité disent qu’ils ne gagnent qu’environ 400 $ l’an. Car ils n’ont pas assez de moyen pour cultiver des grandes surfaces.

Même ces 400$ sont supérieurs aux statistiques de PNUD de 17$ le mois. Et surtout insuffisant pour entretenir un ménage. Alors  que le champ est la principale, sinon la seule source de revenu pour les cacaoculteurs.

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