Le « crédit-carbone » et les pays pauvres

Article : Le « crédit-carbone » et les pays pauvres
Crédit:
23 août 2019

Le « crédit-carbone » et les pays pauvres

L’annonce de l’orage dans le ciel © Hervé Mukulu
L’annonce de l’orage dans le ciel © Hervé Mukulu

Moins pollueurs, les pays pauvres payent pourtant un lourd tribu du changement climatique, alors qu’ils n’en sont pas auteurs. Ils n’ont pas non plus les moyens suffisant de mener la riposte et de prendre les mesures d’adaptation nécessaires contre ses effets.  Les pays pauvres et les petits pays insulaires sont ainsi doublement victimes de la faute des autres. C’est à ceux que devraient ainsi revenir la part de lion dans l’attribution des crédits-carbone. Mais il faut voir si ces fonds auraient un réel impact sur les paysans.

L’unité carbone

Entré en valeur après les accords de Tokyo en 1997, quoique non ratifiés par les USA, le crédit-carbone est une unité correspondant à une tonne d’équivalent de CO2 sur les marchés de carbones. Le crédit-carbone est en quelque sorte une commodité, un produit dont la valeur fluctue avec le temps en fonction  du standard de quantité, suivant l’évolution du marché.

La tonne de dioxyde de carbone fait l’objet d’une véritable cotation de titres, appelés les « crédits carbones ».  Les acteurs dudit marché (Etats, entreprises et même particuliers) peuvent l’acheter ou la vendre au gré de leurs besoins. Créant ainsi un marché international, avec toutes les spéculations dues à un marché nouveau.

Souvent, sur le marché européen, une tonne s’élève à environ à 12£. Cette unité devient comme un droit à polluer. Les entreprises ont leurs quotas de CO2 à émettre. Pour pouvoir polluer plus, elles achètent des crédits-carbone. Cet argent correspond à ce qui sera investi dans une entreprise non pollueuse ou une activité qui absorbe le carbone. Ce qui fait que ce marché peut être passé d’entreprise à entreprise ou d’entreprise à Etat en passant par une banque spécialisée dans le marché carbone.

Les  pays sous-développés dans cette équation

Les pays sous-développés sont des pays non pollueurs car ils ne sont pas assez industrialisés pour émettre des grandes quantités de CO2.

Par contre, ils sont aussi victimes du changement climatique accéléré par les activités des pollueurs. Un petit changement saisonnier cause beaucoup des dégâts dans un pays comme la République Démocratique du Congo plus que dans un Etat européen. Car la population survivant d’une agriculture de fortune n’a pas les moyens financiers pour contrer la sécheresse par un système d’irrigation ou l’attaque des champignons qui migrent, alors qu’un Etat européen peut employer tous les moyens possibles.

En définitive, les non-pollueurs deviennent doublement victimes. Par contre, ce sont des Etats qui ont encore des immenses étendues de forêts vierges. La foret est un sérieux absorbeurs de CO2. Ainsi ces petits pays ou les pays insulaires, les pays pauvres et les pays tropicaux ont intérêts à préserver leurs forets naturelles, pour les uns, et investir dans les reboisements, pour les autres, pour pouvoir ainsi bénéficier des crédits-carbones.

Les projets à intérêt communautaire

Le problème, c’est que même dans les pays sous-développés les forêts sont menacées de déforestations. Ce qui rend compliquée l’évaluation des crédit-carbones disponibles. Il faut lutter contre cette pratique et trouver d’autres moyens d’usages des ressources des forets et des eaux.  Car les peuples qui vivent dans ces régions dépendent de ces forêts.

Le premier problème est que ces forets n’appartiennent pas à un individu mais plutôt à des nations. Donner cet argent en liquide à une nation, il devient incertain de voir le peuple, les pauvres villageois, en bénéficier. Ces fonds peuvent être engloutis dans les caisses privées des dirigeants. Les paysans ne voyant pas l’intérêts de protéger une foret dont ils ne bénéficient pas, ils vont recommencer à la détruire.

Par conséquent, il s’avère impérieux que ces fonds soient alloués dans des projets d’intérêts communautaires et surtout non pollueurs. Comme des petites centrales hydroélectriques pour combattre le bois énergie, au Congo par exemple, l’énergie éolienne dans des zones arides, des centres hospitaliers, projets d’adduction d’eau potable pour les communautés, etc.

Des projets « bancables »

Et le plus important est que ces projets doivent être bancables* pour la traçabilité de la gestion des fonds et la durabilité. Car tout doit être fait dans et pour une vision de développement durable, un usage rationnel des ressources naturelles en préservant l’environnement pour le bien-être des générations actuelles et futures. Surtout qu’il n’existe pas encore une planète de rechange.

Hervé Mukulu

*Susceptible d’être financé par un investisseur.

Partagez

Commentaires

Jean Paul Kandeva
Répondre

Le concept credit carbone aulieu que ça puisse être un moyen de bouster l'économie des pays pauvres malheureusement ça devient un moyen pour les appauvrir d'avantage par leur assigetissement orchestré par les pays developpés qui étant les premiers bénéficiaires mais malheureusement' ne veulent pas s'acquiter de leur devoir pour l'amélioration des conditions socioéconomiques des pays pauvres.Les pays developpés devraient assumer reellement leurs responsabilités en matière du changement climatique pour que nous puissions avoir un espoir en cette matière.