C’est Ça le Congo de Lumumba

Article : C’est Ça le Congo de Lumumba
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29 juin 2019

C’est Ça le Congo de Lumumba

 

Le latex d’Hévéas produit à Yangambi en entente d’évacuation vers Kisangani par une barque motorisée, province de la Tshopo, RD Congo© Hervé Mukulu
Le latex d’Hévéas produit à Yangambi en entente d’évacuation vers Kisangani par une barque motorisée, province de la Tshopo, RD Congo© Hervé Mukulu

Près de 60 ans après son pseudo indépendance, la RD Congo courbe encore l’échine. Tarde à relever son front alors qu’il le chante à chaque levée du Soleil, à telle enseigne que la question de savoir si la RD Congo est vraiment indépendante ne se pose plus. Pire, certains récusent déjà  la lutte  de Lumumba lui imputant la souffrance que nous subissons aujourd’hui, pour avoir, supputent-ils, exigé une indépendance hâtive en le comparant à Mandela.

L’éternel gosse.

Imaginez-vous à 60 ans, sous le toit paternel, demandant même du savon à vos vieux parents pour laver votre linge sale. En  moins, que vos ne soyez malade, paralytique, le fait est inimaginable. Mais  tout montre que « C’est ça le Congo ».  Alors qu’aux années 60, il était au même niveau économique que le Canada, aujourd’hui la comparaison est inimaginable par un esprit sain.  Tous les secteurs sont en Etat de délabrement très avancé. La RD Congo est un pays qui vit sous perfusion en faisant seulement des actions d’urgence comme un malade dans les soins intensifs.

Le contexte de l’indépendance politique.

Tout a commencé pendant la deuxième guerre mondiale quand la force publique du Congo belge, une des armées les plus fortes à l’époque en Afrique, est allée prêter main forte aux alliées en Afrique de l’Ouest. Arrivés dans des pays comme le Ghana ou le Nigérian, les soldats Congolais étaient surpris de voir que dans les colonies anglo-saxonnes des noirs assumaient déjà des hautes fonctions dans l’armée tout comme dans l’administration. Que Noirs et blancs pouvaient travailler en collègues et amis, qu’ils pouvaient manger ensemble. Un rêve qui n’était pas sur le point de voir le jour au Congo-Belge.

Au Congo la ségrégation entre Noirs et Blancs était encore la règle d’or. Le Blanc étant pris pour le supérieur et le noir pour un sous homme, presque un animal domestique à élever. Les évoluées (des Noirs vivant à l’européenne)  étaient encore quelques centaines.

C’est au prix des grandes tumultes qu’il eut les premières élections municipales en 58 si pas 59 où Kasavubu fut élu Bourgmestre, le grade le plus haut d’un noir dans l’administration.

Dans une atmosphère pareille où l’on ne voit aucune lueur à l’horizon que doit-on croire ? Qu’un jour le cœur du bourreau s’attendrira pour qu’il vous offre votre liberté ? Utopie. Il n’y a pas autre choix que de se battre pour obtenir que l’on soit seul maitre de son propre destin. C’est dans ce contexte que Lumumba et ses paires nous ont offert l’indépendance, malheureusement, au prix de leurs vies sans qu’ils n’aient eu le temps de faire assoir leur idéologie. Et c’est tout ce que le colon voulait.

En sortant d’une servitude, on  a sérieusement besoins de jouir, pire de prendre la place du bourreau pour se venger.  Le Congolais pensait qu’après l’indépendance il n’aura plus à travailler pour vivre. Et qu’il devra tout recevoir. Commander comme le faisait le colon. En effet, le colon Belge ne prêchait pas par l’exemple. Il se limitait à crier « bande des macaques et des paresseux ! » alors que tout ce qu’il fait se limite à se tenir sur sa canne les rares moments qu’il ne fait pas usage du Kiboko.

Pourtant l’équation était si simple : « La dépendance signifiait travailler pour autrui, l’indépendance  signifie travailler pour soi ». Une conception que nos pères de l’indépendance n’ont pas eu le temps de nous inculquer. Moins de Six mois à la primature.  Très tôt, le pouvoir est tombé entre les mains des opportunistes et des marionnettes. Et je ne pense pas qu’il en soi encore sorti.

Pour ainsi dire que Lumumba nous avait offert l’indépendance politique mais n’avait pas eu le temps  de nous inculquer la notion du travail qui assure la vraie indépendance. Aujourd’hui près de 60 ans après, même cette justification ne tient pas debout car nous avons eu tout le temps pour apprendre de  nos erreurs.

Hervé Mukulu

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