Automédication, rescousse suicidaire du pauvre-intello

Article : Automédication, rescousse suicidaire  du pauvre-intello
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10 septembre 2019

Automédication, rescousse suicidaire du pauvre-intello

Des antibiotiques achetés dans une officine pharmaceutique sans ordonnance ©  Hervé Mukulu
Des antibiotiques achetés dans une officine pharmaceutique sans ordonnance © Hervé Mukulu

« Nous ne servons  les médicaments que sur ordonnance médicale!,  me répond la none tenancière de l’officine pharmaceutique de la paroisse ». Pour la première fois de ma vie, une pharmacienne a refusé mon argent pour la noble raison que son officine ne sert que sous ordonnance. Je ne cherchais que des anti-malarias. Pourtant les médicaments se distribuent comme des cacahouètes en ville de Beni alors que le danger est énorme. Car tout médicament  mal usé est un potentiel  poison rappel Docteur Michel Tosalisana, médecin chef de zone Beni.

En effet, les officines pharmaceutiques ont déjà pris la place des cabinets médicaux. Si on n’a pas un médicament en tête pour son problème de santé, la pharmacienne vous pose quelques questions comme dans une consultation et vous propose une gamme des médicaments  comme on vous propose différentes  formes de pains dans la pâtisserie du coin de la rue. Certaines pharmaciennes, n’étant  ni infirmières ni pharmaciennes de formation mais, mais  à force de recevoir les commandes le long de la journée, maitrisent les médocs liés aux maux récurrents dans la région.

Le problème est qu’il semble que le malade et le pharmacien ignorent sciemment qu’ils jouent avec une vie en se cachant derrière la bonne volonté de soigner.

Se procurer des médocs à la pharmacie du coin est devenue une habitude à tel que point la pratique semble banalisée ou tout simplement acceptée comme normale. Ne dit-on pas que l’usage commun fait-loi ? Pour la santé c’est un crime car des médicaments contrefaits sont légions en circulation reconnait la première autorité médicale de la ville de Beni.

Alerte des hypocrates.

Face à cette situation, les autorités sanitaires ne cessent d’interpeller que l’usage des médicaments doit être prescrit par un professionnel de santé après des examens médicaux. En effet, sans diagnostic sérieux ni examen, le patient  court le risque d’une intoxication médicale qui n’est pas différente d’un crime pour l’un et suicide volontaire pour l’autre puisque dans certains cas avérés, ces genres d’erreurs conduisent à la mort.

 

L’alibi d’une maladie bégnine.

Dans la plupart des cas,  on prétexte qu’on achète des médicaments pour des maladies bégnines comme les maux de tête, les maux de vendre, les maux d’estomacs, la malaria, des calmants, …Depuis quand la malaria qui tue des milliers  d’individus annuellement est une maladie bégnine ?

En effet, un bon nombre de médicaments sont constitués des principes actifs qui sont tirés ou agissent comme l’agent causal de la maladie. Une fois dans le corps ils renforcent les anticorps. Ils limitent ainsi l’action des agents causaux des maladies comme un vaccin.

Le risque avec l’automédication est qu’une dose insuffisance augmente la résistance des bactéries,  virus ou autre agent causal de la maladie et une surdose devient du poison dans l’organisme. Ce qui devient un suicide volontaire voilé des bonnes intentions mais limités par les moyens.

Le pauvre intello et le cout de service.

Vous conviendrez avec moi que l’automédication est loin d’être une affaire des ignorants. D’ailleurs se sont des intellectuels qui entrent dans les officines pharmaceutiques avec des noms pompeux des médicaments qu’ils ont lus çà et là, usant ainsi des noms scientifiques des médicaments face à la pauvre diplômée d’Etat pharmacienne qui ne connait que le nom commercial.

Dernièrement après un incident malheureux, un ami a fait un court séjour à l’hôpital. Tout ce qui lui a été administré comme médicament est  une injection d’antidouleur et une plaquette des comprimées d’antidouleurs. Après un détour à la pharmacie, j’ai constaté que ces médicaments ne coutent même pas 1OOO franc Congolais (près de 0.7$ au taux du jour)/ Mais sa facture a été libellé ainsi : «  2 consultations : 2$, 2 fiches : 2$, médicaments : 1.5$, soins : 1$, divers : 1$. Total 7.5$ ». Et il n’a pas été mis le prix de la chambre qui doit certainement varier entre 5 et 10$ par jour puisqu’il était dans la salle d’observation.

La facture parait ainsi justifiée mais par rapport aux médicaments reçus, il y a de questions à se poser. Je suis certain que la prochaine fois, l’ami se présentera à la pharmacie au lieu de payer plus de 5$ de services connexes.

Il est vrai que l’hôpital joue un rôle d’espoir, que la blouse blanche du médecin rassure le malade mais la facture qui s’ensuit n’est pas corolaire au pouvoir financier du malade.

Peu de malades.

La situation s’empire de plus en plus car en force de s’auto-mediquer  puis que l’on craint les frais de l’hôpital, on ne sent obligé de se rendre à l’hôpital que quand la situation est devenue intenable, pire. Ce qui fait aussi que la facture deviendra encore plus salée.

Il faut tenir compte du fait que l’hôpital est une entreprise qui a non seulement des frais à couvrir mais aussi et surtout des devoirs de rentabilité pour les promoteurs. Et comme les malades ne viennent pas de plein cœur, les rares qui s’emmènent désespérés doivent couvrir les frais.

Le bilan de santé.

Dans le meilleur de situation un homme est sensé se faire consulter chaque mois ou réaliser un bilan sanitaire tous les six mois au plus tard l’an. Mais, il s’avère que le cout financier est un réel frein à la bonne volonté.

Il est tout à fait impossible à un père de famille d’allouer un budget à la santé alors qu’on mange au taux du jour  et que même si l’on envoie les enfants à l’école, l’on ne sait pas d’où viendront les minervaux. C’est pourquoi une mutuelle de santé reste la meilleure solution tant personnelle que familiale.

Hervé Mukulu

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