Hervé Mukulu

Ebola : pourquoi les femmes et les enfants sont les premières victimes ?

Prélèvement de la température d’enfants au point d’entrée et de sortie de la cité de Mangina, à 30 Km, de la ville de Beni, Nord-Kivu, RD Congo. © K.M.
Prélèvement de la température d’enfants au point d’entrée et de sortie de la cité de Mangina, à 30 Km, de la ville de Beni, Nord-Kivu, RD Congo. © K.M.

Les statistiques de cette dixième épidémie de la maladie à virus Ebola montrent que les femmes sont plus victimes que les hommes, à elles s’ajoutent les enfants. Décryptons les causes.

« Nous avons tous pour première infirmière la femme, en épouse ou en mère. C’est bien elle qui prend soins des malades à la maison. Elle est par essence ménagère dans notre culture. C’est elle qui lave le malade, les habits du malade, lui donne à manger et fait l’hygiène de sa chambre voire nettoie ses déchets quand il vomie ou fait la diarrhée, rappelle madame Zawadi, coordonnatrice du collectif des associations féminines (CAF) dans le grand-Nord de la province du Nord-Kivu. Ainsi, elle reçoit tous les microbes des malades dont elle prend soins. »

Dans le cadre de la maladie à virus Ebola, une maladie à très forte contagion comme le souligne docteur Gaston Tshapenda, la femme est dans une position de vulnérabilité. Elle devient ainsi un vecteur direct de la maladie vers l’enfant. Et oui, c’est bien la femme qui prend soins des enfants. Un papa peut passer une semaine sans qu’il prenne son propre enfant dans ses bras, à moins qu’il ne soit un bébé. Mais un enfant, même de 10 ans, ne s’empêche pas d’embrasser sa mère quand il revient de l’école ou quand elle revient du marché.

Déjà 500 victimes parmi les enfants

Sur les 1 800 victimes d’Ebola à ce jour, environ 500 sont des enfants, annonce les statistiques du ministère de la Santé. Cette énormité ne s’explique pas seulement par le contact avec la mère. L’enfant, par nature, est social et bouillant. Il passe toute sa journée à s’amuser avec ses amis. La plupart des jeux d’enfants se font par un contact physique. Il suffit de les observer durant les 15 minutes que dure la recréation à l’école.

Par nature, aucun enfant n’aime les médicaments. Je me rappelle bien qu’enfants, il suffisait à maman de dire : « Je vais t’accuser chez Mama Kavira » pour que je cesse les bêtises. J’avais plus peur de maman Kavira que de ma mère. Maman Kavira, paix à son âme, était notre infirmière. Sa présence signifiait une piqûre à la fesse. Et ça c’est le pire moment qui soit. Ainsi, aucun enfant, n’ira alerter sa mère qu’il est malade dès les premiers signes de la maladie. L’enfant n’arrête de jouer que quand la force l’abandonne, quand la maladie le cloue au lit. Ainsi, durant une journée ou deux, il aura joué avec ses amis en ayant des maux de têtes et une fièvre débutante.

Dans le cadre de la maladie à virus Ebola, on ne devient contagieux que quand on commence à développer ces signes. Durant ces deux jours, il aura touché ses amis, leur transmettant ainsi la maladie sans le savoir. Un malade innocent qui s’ignore. Et même s’il l’a dit à sa mère. Ce n’est qu’un mot de tête dira la mère en lui donna un paracétamol ou autre. Mais quelques jours plus tard quand la maladie est confirmée, il faudra vacciner tous ses amis.

Le problème, c’est que quand un enfant meurt dans un quartier suivi d’un autre, les femmes disent qu’il y a un sorcier dans le quartier qui mangent leurs enfants. Et le comble, elles interdisent à leurs enfants de se faire vacciner pour plus d’une raison… « Ce vaccin est un poison, rend stérile, c’est Ebola lui-même »…

Pourtant vacciner les contacts de l’enfant mort d’Ebola est le meilleur moyen de couper la chaîne de transmission. Sans cela, ils meurent les uns à la suite des autres…

 

Hervé Mukulu


L’infertilité est un problème de couple à traiter en couple

Jean Simba berce sa fille une semaine après sa naissance, à Kolwezi, province de Lualaba , RD Congo, 2016 © Hervé Mukulu
Jean Simba berce sa fille une semaine après sa naissance, à Kolwezi, province de Lualaba , RD Congo, 2016 © Hervé Mukulu

L’infertilité est un sérieux problème dans les couples. La probabilité d’un divorce est énorme quand le couple n’arrive pas à concevoir. En Afrique, continent le plus touché par l’infertilité, la première année du mariage est scrutée par la famille de l’homme. Il faut impérativement que la femme tombe enceinte. Sinon, la belle-famille menace de trouver une autre femme à leur fils. Soulignons que pour l’Afrique l’infertilité n’est que féminine.

Pourtant, la science démontre qu’il n’y a pas que la femme qui est à l’origine des difficultés de procréation. Dans 40% des cas, l’homme est à l’origine du problème, nous en avons parlé dans un précèdent article. Pour la femme, ce pourcentage s’élève aussi à 40% ; les 20% restants étant des couples où les deux partenaires ont des difficultés. Afin d’éviter cette stigmatisation, une nouvelle approche du traitement de l’infertilité se développe, car dans plusieurs cas l’infertilité peut se soigner.

« On ne peut pas diagnostiquer l’infertilité quand on est célibataire »

Le docteur Muhindo Jérémie, directeur de l’hôpital général de Beni, préfère parler de l’infertilité du couple plutôt que de celle de l’homme ou de la femme « car on ne peut pas diagnostiquer l’infertilité quand on est célibataire. Il faut bien que ça soit un couple pour que le problème se pose. Il arrive souvent qu’une une fois séparé, le couple qui n’a pas pu concevoir durant des longues années aille concevoir chacun avec un autre partenaire. Il existe ainsi certaines incompatibilités qui ne peuvent être imputées ni à l’homme ni à la femme », nous explique-t-il.  Il peut s’agir de l’incompatibilité du groupe sanguin, de l’anémie SS, du caractère génétique…

Le psychologue Achille Mbafumoja ajoute : « Traiter le problème d’infertilité en couple permet de ne pas culpabiliser un seul de deux partenaires. » Ainsi, la thérapie se fait en couple pour étudier toutes les options. Le docteur Willy Ngeleza, médecin de la clinique « La Gracia » à Beni, conclut : « La seule thérapie est de consulter le médecin traitant du couple, car chaque cas a ses particularités. On ne peut donner des principes généraux. Cela peut aggraver le problème. On peut encore moins se fier uniquement à la prière, car Dieu bénit les actions pour dire les soins médicaux. »

Hervé Mukulu


Ebola : pourquoi les échantillons traînent au laboratoire ?

Image d’un laboratoire d’analyse du virus Ebola en projection © Hervé Mukulu
Image d’un laboratoire d’analyse du virus Ebola en projection © Hervé Mukulu

24 heures s’écoulent parfois avant que la famille ne soit fixée sur les analyses du défunt.

Car, afin d’éviter la propagation du virus Ebola, tout corps doit être testé au laboratoire d’analyse pour savoir si le défunt a succombé à cette maladie. Ainsi, la famille est censée appeler les équipes de la réponse à Ebola pour un prélèvement d’échantillon, et attendre les résultats pour enfin procéder à la cérémonie de deuil, si la personne est testée négative.

Si c’est positif, les équipes d’Enterrement Digne et Sécurisé (EDS) se chargent de son enterrement avec assistance d’un membre de la famille.

Néanmoins, c’est le temps que prennent les analyses qui énerve régulièrement la famille. Certaines patientent jusqu’à deux jours avant de pouvoir récupérer le corps testé négatif du membre de la famille. Ce qui crée des altercations.

Mais combien de temps prend une analyse d’un échantillon au laboratoire ? Junior Bulabula, responsable du Laboratoire de Beni répond :

« Une fois que l’échantillon est acheminé au laboratoire, l’analyse prend au maximum trois heures. Mais, si tout va bien, on peut le faire en deux heures. Mais aussi cela dépend des circonstances.  Il arrive que le laboratoire reçoive une centaine d’échantillons à analyser.  Néanmoins, les échantillons prioritaires sont ceux des personnes qui attendent leur déchargement et ceux des décès communautaires, c’est-à-dire les personnes mortes en dehors d’un centre de traitement Ebola.  Ils sont analysés en priorité quel que soit la fille d’attente d’échantillon. Le retard accusé est dû peut être à la transmission des résultats. Nous, dès que le résultat est disponible, il est communiqué, premièrement à la coordination, puis au centre de traitement où le patient est interné. »

Quant au déchargement d’un malade, il faut deux tests au laboratoire en intervalle de 48 heures. Si l’analyse sort négative aujourd’hui, il faut attendre 48 heures pour prélever un autre échantillon pour analyse. S’il est aussi négatif. Alors la personne est déchargée.

Pourquoi ne peut-on pas installer les laboratoires dans centres hospitaliers puisque la population a peur du Centre du Traitement Ebola (CTE) ?

Le laboratoire d’analyse du virus Ebola n’est pas un laboratoire classique. C’est un laboratoire qui exige une rigueur dans la bio analyse. Il y a des mesures préalables qu’il faut prendre en compte. Il demande aussi un espace assez large pour séparer les différentes zones.  Or la plus plupart des centres hospitaliers n’ont pas d’espace souligne Junior Bulabula.  Docteur Gaston Chependa, coordonnateur de la sous-coordination de Beni, ajoute que « c’est un laboratoire qui coûte cher, entre 700 milles et 1 millions de dollars » pour sa mise en place. On ne peut pas en avoir pour chaque centre hospitalier.

Hervé Mukulu


Personne ne nous offrira ni paix ni développement

Le latex d’Hévéas produit à Yangambi en entente d’évacuation vers Kisangani par une barque motorisée, province de la Tshopo, RD Congo© Hervé Mukulu
Le latex d’Hévéas produit à Yangambi en entente d’évacuation vers Kisangani par une barque motorisée, province de la Tshopo, RD Congo© Hervé Mukulu

Le lendemain fut le jour des élections présidentielles et législatives nationales.  Néanmoins, en bon chrétien, le dimanche matin, tout le monde commença à la messe. Tout le monde attendait le dernier mot du Curé sur cette polémique désastreuse qui met le peuple dans l’embarras.  Et le curé donna le mot de passe en deux proverbes à la fin de son homélie :

« Omundu akalya ovwatsumba.» (Une personne mange le foufou qu’elle a pétri. On ne récolte que ce que l’on a semé. » Lorsque quelqu’un vous aide régulièrement, l’une des rare fois qu’il a besoin de vous, vous devez payer votre dette. En moins d’être aussi ingrat qu’un singe. Une fois le succès devient éclatants, les jaloux deviennent nombreux et inventent toute sorte d’histoires pour vous couler. Il faudra être  stupide pour tomber dans leur piège. Je sais que nous sommes largement au-dessus de cette bassesse. La reconnaissance nous a toujours caractérisés.

Ayant dit l’essentiel, le curé se retourna pour rentrer à sa place afin de clore la liturgie. Un pas fait, il se retourne encore vers le pour leur parler.

Néanmoins, j’aimerai attirer votre attention sur une chose. Nous le peuple, nous sommes le levier du développement de notre pays. Un adage nous dit que : «  Le poisson ne commence à pourrir que par la tête ». Mais il est possible de guérir un corps malade en stoppant le pourrissement qui n’a pas encore atteint tout le corps.  Il nous faut appliquer une certaine acupuncture adaptée à notre pays. Je voudrais être franc avec vous. Le Kongo, notre pays est un puits mondial.  Nous devons partir de l’histoire. Au moment du partage de l’Afrique entre les grandes puissances coloniales, aucune puissance n’était prête à laisser cette case d’Ali Bada à une autre. Le malin Roi des Belges ne reçut ce grand pays que puisqu’il promit le ‘libre accès’ aux autres puissances. Ainsi, notre pays devint un puits international. Toutes les puissances pouvaient venir se servir au Congo. Plus d’un siècle plus tard, la donne n’a jamais changé. Le Congo donne toujours solution aux problèmes économiques du monde. C’est l’Hévéa du Congo qui fabriquait des pneus lors de cette découverte qui révolutionna l’automobile. Au détriment des congolais, cet hévéa entraine la coupure de plus de millions des mains des congolais sans compter les morts. C’est l’huile du Congo qui boosta la fabrication du savon d’Unilever. C’est le cuivre et le Cobalt du Congo qui alimentaient  la guerre américaine contre le Vietnam. C’est le Coltan du Congo qui vient d’enrichir la Chine. Et aujourd’hui, c’est l’ère du Cobalt. Le Saint-Gall du siècle. Pensez-vous qu’il y a une puissance prête à laisser la gestion de ce pays à un nationaliste du genre Lumumba qui passera en premier les intérêts du pays ? Pourtant, nous ne pouvons  pas nous résigner fatidiquement, en disant : «  Notre destin est scellé, nous n’y pouvons rien ». Nous devons nous battre tout en sachant que notre combat sera très très très très long. La grande décision que nous devons prendre est d’adapter notre combat à notre situation. Le Mahatma Gandhi et Martin Luther King ont appliqué la « non -violence » et ont obtenu des résultats probants.  Mais quand Mandela a voulu appliquer la même idéologie en Afrique du Sud, il a vite compris qu’il faut s’adapter. Il a ajouté une dose de lutte armée qui a donné ses résultats. Pour notre pays, nous ne devons pas attendre que le développement commence seulement par le Haut. Pour la Présidence, depuis l’indépendance le pays n’est gouverné que par des politiciens sans visions. Pour gérer une telle richesse qu’est le Kongo, il faut quelqu’un qui a l’habitude d’en gérer autant pour qu’il ne tombe pas dans la folie d’une richesse subite. Le Kongo étant un puits des richesses, il faut un businessman chevronné pour pouvoir gérer cet Etat comme une entreprise avec des obligations de résultats. Savez pourquoi les nouveaux riches meurent vite ? C’est puisque d’un jour au lendemain, une fois devenus riches, ils changent complètement de régime alimentaire. Le corps ayant été habitué à un certain repas se trouve complétement déséquilibré et ne sait plus comment fonctionner. C’est aussi valable pour la gestion d’un trésor. Si vous accordez la gestion à un parvenu, tout ce qu’il fera en premier, c’est remplir son vendre. Alors qu’un  monsieur habitué à l’aisance, un sérieux business man ne cherche qu’à fructifier tout ce à quoi il touche.  La nation congolaise est dans le devoir d’être géré par un vrai businessman, qui a un sérieux bagage dans le cerveau, une grande expérience et plein d’honnêteté. J’insiste sur l’honnêteté.  Car certains businessmen ont profité de leurs positions pour se remplir les poches et réapparaitre plus tard comme des agneaux.  Ce genre de loup ne fera que ce qu’il sait faire le mieux. S’enrichir au dépend de tous. Mais celui qui s’est fait tout seul, un self-made-man, qui a géré sa richesse loin des favoritismes saura gérer la nation au profit de tout le monde. Il faut  aussi que le développement  vienne  par le bas. Nous devons nous assurer de voter pour des bons délégués municipaux, des bons conseillers municipaux, députés provinciaux et nationaux. Ces déléguées et conseillers municipaux  qui nous choisirons de bons bourgmestres et Maires. Ces députés qui nous contrôlerons des Gouverneurs et des ministres. Si un Maire est incapable de jeter un pont entre deux quartiers, ce n’est pas un problème d’impérialisme. Si un Gouverneur ne sait évacuer les immondices de la ville,  ce n’est pas un problème d’impérialisme. Si un ministre ne sait assurer l’hygiène des latrines scolaires, ce n’est pas un problème d’impérialisme. Si les fonctionnaires ne sont pas bien payés, ce n’est pas un problème d’impérialisme. Si les cours et tribunaux deviennent le tremplin de la corruption, ce n’est pas la faute à l’impérialisme. Si nous luttons contre la corruption et partageons équitablement les recettes de l’Etat, ce sera un grand pas vers le développement.  Pour ça, votons pour les élus que nous allons contrôler. Que nous pouvons démettre de leurs fonctions s’ils ne remplissent leurs fonctions. Allons voter « utile ».

Un prêche hautement politique qui n’étonna personne. Car la limite entre l’église romaine et la politique n’existe plus dans ce pays. Cette église se veut au milieu du village mais quand le bas peuple est opprimé, elle se bat bec et oncles aux cotés des opprimés comme le recommande le doux Jésus.

Ceci est un extrait du roman « Les damnées d’une démocratie naissante ». Téléchargez le roman sur ce lien


C’est Ça le Congo de Lumumba

 

Le latex d’Hévéas produit à Yangambi en entente d’évacuation vers Kisangani par une barque motorisée, province de la Tshopo, RD Congo© Hervé Mukulu
Le latex d’Hévéas produit à Yangambi en entente d’évacuation vers Kisangani par une barque motorisée, province de la Tshopo, RD Congo© Hervé Mukulu

Près de 60 ans après son pseudo indépendance, la RD Congo courbe encore l’échine. Tarde à relever son front alors qu’il le chante à chaque levée du Soleil, à telle enseigne que la question de savoir si la RD Congo est vraiment indépendante ne se pose plus. Pire, certains récusent déjà  la lutte  de Lumumba lui imputant la souffrance que nous subissons aujourd’hui, pour avoir, supputent-ils, exigé une indépendance hâtive en le comparant à Mandela.

L’éternel gosse.

Imaginez-vous à 60 ans, sous le toit paternel, demandant même du savon à vos vieux parents pour laver votre linge sale. En  moins, que vos ne soyez malade, paralytique, le fait est inimaginable. Mais  tout montre que « C’est ça le Congo ».  Alors qu’aux années 60, il était au même niveau économique que le Canada, aujourd’hui la comparaison est inimaginable par un esprit sain.  Tous les secteurs sont en Etat de délabrement très avancé. La RD Congo est un pays qui vit sous perfusion en faisant seulement des actions d’urgence comme un malade dans les soins intensifs.

Le contexte de l’indépendance politique.

Tout a commencé pendant la deuxième guerre mondiale quand la force publique du Congo belge, une des armées les plus fortes à l’époque en Afrique, est allée prêter main forte aux alliées en Afrique de l’Ouest. Arrivés dans des pays comme le Ghana ou le Nigérian, les soldats Congolais étaient surpris de voir que dans les colonies anglo-saxonnes des noirs assumaient déjà des hautes fonctions dans l’armée tout comme dans l’administration. Que Noirs et blancs pouvaient travailler en collègues et amis, qu’ils pouvaient manger ensemble. Un rêve qui n’était pas sur le point de voir le jour au Congo-Belge.

Au Congo la ségrégation entre Noirs et Blancs était encore la règle d’or. Le Blanc étant pris pour le supérieur et le noir pour un sous homme, presque un animal domestique à élever. Les évoluées (des Noirs vivant à l’européenne)  étaient encore quelques centaines.

C’est au prix des grandes tumultes qu’il eut les premières élections municipales en 58 si pas 59 où Kasavubu fut élu Bourgmestre, le grade le plus haut d’un noir dans l’administration.

Dans une atmosphère pareille où l’on ne voit aucune lueur à l’horizon que doit-on croire ? Qu’un jour le cœur du bourreau s’attendrira pour qu’il vous offre votre liberté ? Utopie. Il n’y a pas autre choix que de se battre pour obtenir que l’on soit seul maitre de son propre destin. C’est dans ce contexte que Lumumba et ses paires nous ont offert l’indépendance, malheureusement, au prix de leurs vies sans qu’ils n’aient eu le temps de faire assoir leur idéologie. Et c’est tout ce que le colon voulait.

En sortant d’une servitude, on  a sérieusement besoins de jouir, pire de prendre la place du bourreau pour se venger.  Le Congolais pensait qu’après l’indépendance il n’aura plus à travailler pour vivre. Et qu’il devra tout recevoir. Commander comme le faisait le colon. En effet, le colon Belge ne prêchait pas par l’exemple. Il se limitait à crier « bande des macaques et des paresseux ! » alors que tout ce qu’il fait se limite à se tenir sur sa canne les rares moments qu’il ne fait pas usage du Kiboko.

Pourtant l’équation était si simple : « La dépendance signifiait travailler pour autrui, l’indépendance  signifie travailler pour soi ». Une conception que nos pères de l’indépendance n’ont pas eu le temps de nous inculquer. Moins de Six mois à la primature.  Très tôt, le pouvoir est tombé entre les mains des opportunistes et des marionnettes. Et je ne pense pas qu’il en soi encore sorti.

Pour ainsi dire que Lumumba nous avait offert l’indépendance politique mais n’avait pas eu le temps  de nous inculquer la notion du travail qui assure la vraie indépendance. Aujourd’hui près de 60 ans après, même cette justification ne tient pas debout car nous avons eu tout le temps pour apprendre de  nos erreurs.

Hervé Mukulu